Minuit quinze, la faim au ventre j'errais dans les rues de Lanistère
à la recherche d'un casse-dalle. A cette heure ci un dimanche soir à
part les putains et quelques ivrognes plus ou moins jeunes, plus ou
moins crades, il n'y avait pas grand chose d'autre. L’idée de me
farcir une catin me dégouttait à l'avance. Les deux dernières
m'avaient filé la gerbe pendant une semaine chacune. Il y avait bien
le clodo de la gare mais il me répugnait tout autant. Restait plus
qu'a prier pour que je croise quelqu'un au bon endroit au bon moment.
02.19. Plus de deux heures plus tard j'étais toujours bredouille.
L'errance m'avait conduite à un quartier résidentiel de moyenne
classe. La-bas, entre les immeubles, j’eus la surprise de tomber
sur un petit groupe d'individus de mon age qui ricanaient sous le
porche d'un bâtiment. J'attendais qu'ils daignent bien vouloir se
séparer afin d'en prendre un en chasse. Ils étaient six, quatre
filles, et deux mignons. J'avais aussi l'option gratter une clope, en
brancher un, le conduire derrière une porte cochère, lui faire sa
fête et le finir façon mente religieuse. Je me tâtais... Mais je
n’étais pas trop d'humeur à la dragouille, je crevais juste la
dalle. Il me fallait donc quelque chose et vite avant que je comète
une stupide bavure.
03.50. Alors que je me résignais à rentrer bouffer un steak à la
con, l'une des filles se leva et entreprit de faire une distribution
de baisers décomplexés. Cette petite sauterelle était mienne...
***
Chapitre 10, Sil est avec Paul en plein rendez vous galant dans un café de la ville...
On s'installa et il
me laissa le côté banquette. D'après ma connaissance en matière
de café, c'en était un des plus traditionnel. Un bar, des tables en
faux marbre blanc, des vielles affiches de publicité, une odeur de
tabac froid qui resterait éternellement à la surface des murs à la
peinture beige écaillée, une serveuse jeune, jolie et niaise que je
me promit de goûter un jour, et un menu composé de pas moins de
cinquante sorte de boissons différentes dont aucunes n'atteindrait
jamais le niveau de celle que j'affectionnais moi ; le sang.
«Qu'est
ce que je vais bien pouvoir prendre ? »
La
seule chose qui me tentait hormis Paul et la serveuse était de
l'eau. J'optais donc pour un thé histoire de ne pas attirer
l'attention de mon mignon vers de fausses idées. Lui il commanda un
double expresso et un Muffin.
Au moment où nous
allions enfin commencer à converser, je perçut l'odeur quasi
jumelle de ce con de Gabe.
«
Et Merde !»
— Sil,
ma belle, ça me fait plaisir de te voir par ici !
—
Salut, Issac...
— Tu
as bonne mine, vraiment bonne mine.
***
Le téléphone de
Paul sonnait et il répondit; le mal polie. Il fut bref, courtois,
faussement ravie et plein de courbettes.
—
C'était votre
petite amie ?
Il
se raidit aussitôt.
—
Non. Mais c'est une
très bonne amie, rien de plus. Qu'est-ce qui vous fait penser qu'on
est ensemble ?
— La
façon dont vous lui avez mentit.
Je
le regardais droit dans les yeux. Il releva les sourcil décontenancé.
—
C'est déstabilisant,
je sais.
Il
voulais répliquer, détourner le regard mais il était pris au
piège, ensorcelé. J'avais décidé de reprendre les rennes et
d'attaquer de plein fouet. Après tout, bien que cet être était
fort charmant je n'allais pas y passer toute ma vie.
—
C'était ma fiancée,
avoua-t-il alors.
Et
je hochais la tête, satisfaite de sa réponse.
Lui
revint se concentrer sur son muffin. Il entreprit de le déshabiller
de son emballage tandis que je l'observais.
— Vous
en voulez ? me proposa-t-il avec un sourire charmeur.
***
Je
trempais les lèvres dans mon thé pour la première fois. Lui, il
avala un autre bout de muffin.
— Donc
vous n'avez pas de petit ami ?
— Tu
es toujours aussi direct ?
— Plus
ou moins.Vous n'avez pas répondus à ma question...
— Plus
ou moins.
— Vous
êtes une femme bien mystérieuse mademoiselle Sil.
—
Non je n'ai rien de
mystérieux. Les petits amis officiels ça n'est pas mon truc non
plus, c'est tout.
— Bien,
vous voyez, ce n'est pas si difficile... au moins nous sommes tout
deux honnêtes... s'esclaffa t-il fier de lui.
— Et
ta fiancée, est-elle est au courant ?
«Hélène
ma belle Hélène...»
—
Joker.
«Petit
joueur».
—
Accordé.
De
toute les manières je connaissais déjà la réponse.
Je
tenta de nouveau de m'abreuver de ce ce jus d'herbe dont raffolais
les humains.
«Pouah!»
— On
dirait que le thé n'est pas ton truc non plus.
— On
dirait que tu sait cerner les femmes...
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