The gargouille game

The gargouille game
Ils sont jeunes, immortels, abîmés, mauvais, carnassiers et plein de vices. Bienvenue du côté des méchants, face à des perso détestablement attirant qui viennent de mettre au monde un nouveau jeu diabolique...

samedi 23 novembre 2013

Extraits Chapitre 6

18h41. Avec le crépuscule je me levais. J'avais décidé qu'aujourd'hui serait un jour de gloire pour ma personne et ce, grâce à mon très cher Paul X. Je savais qu'il fermerait son cabinet à 20h et comme à son habitude, il irait rejoindre sa douce qui l'attendrait stupidement sur le stupide banc de ce stupide parc. Il resterait une demi heure avec elle et rentrerait chez lui, ou pas. En effet ce soir, j'avais prévu d'ajouter un peu de piment à sa vie bien trop propre...

19h55. Je n'avais aucuns plans, je n’étais pas faites pour imaginer des scénarios, je préférais les vivre. C'était Gabe qui s'en chargeait tout le temps. Malgré que ses idées soit toujours plus foireuses les unes que les autres, je n'avais jamais pris l'initiative d'établir mes propres règles. Ce soir serait une première ; et je comptait faire bien mieux que mon ignare de frère ! D'ailleurs le croiser maintenant étant la dernière de mes envies, je m’arrêtais quatre rues en amont du square. Il me fallait un instant de concentration.  

« Comment chopper Paul ? »

***

20.25. Je tachais d'expirer toute l’adrénaline qui me montait au cerveau dangereusement. Ce n'était pas le moment de se laisser aller, pas encore. Il allait falloir être forte, rusée ; mauvaise. Focalisée sur ma proie je passais outre les regards posés sur moi. J'ignorais si il s'agissait là de curiosité face à une apparente jeune fille fille esseulée fumant cigarettes sur cigarettes depuis maintenant 15 minutes, ou encore de la peur imperceptiblement déclenchée par l'avalanche de phéromones que je dégageais dans ce genre de moments, ou bien simplement de l’intérêt face à ma silhouette soigneusement et intelligemment apprêtée pour l'occasion . Sûrement un peu des trois.

20.33. Il arrivait. Déjà je pouvais sentir son parfum me titiller les narines. Il progressait sur l'avenue et mon odorat s’excitait sous ses pas. Dans moins d'une minute il serait à mon niveau. Ma respiration s'emballa. Je sortis une nouvelle cigarette. Trente, vingt neuf, vingt huit, vingt sept...

« Relax Sil, tu va nous attraper ce Paul en beauté et dans les règles... »

Quinze, quatorze, treize, douze... J'avais maintenant un contact visuel. Il marchait droit devant les mains dans les poches de son trois-quart gris. Il était beau, sage et confiant. Ses traits étaient détendus et avenants, signe qu'il venait de passer un bon moment. 
Quatre, trois deux, un...

« Maintenant ! »

— Docteur Vayant !
— Mademoiselle Brunel, bonsoir !


***
(un peu plus tard entre Paul et Sil)

Au fait, comment va votre dos ?
« Mon dos, merde.. »
Ah, mon dos, bien mieux merci !
« Non ! Quelle conne ! »
Mais c'est encore sensible, j'ai hâte de repasser entre vos doigts.
Pris au dépourvu il attrapa instinctivement nos deux verres. Le liquide brun et liquoreux s’ébranla en faisant crépiter les glaçons.
— Alors on regardera ça de plus près lundi. Vous savez, je repense souvent à vos cicatrices, reprit-il en m'indiquant une table libre.
Je grimpais sur le haut tabouret en usant de mon déhanché délicat de carnassier à l’affût. Il s'y hissa hésitant , telle la brebis flairant le loup.
Ah bon, il ne faudrait pas pourtant, je veux dire qu'elles non rien d'extraordinaires.
Vous rigolez, s'en est presque de l'art.
« De l'art ? Si tu savais mon pauvre... »
Tu aime l'art, Paul ?
Tout dépend du support.
Amusé, il n'avait pas relevé mon audace qu'il semblait apprécier. Il avait même sur-enchérit ! Je commençait à le cerner. C'était un homme intelligent et charmeur ; lui aussi avait un bon potentiel de prédateur dans sa catégorie.
Je suis d'accord. Il m'arrive de peindre... dévoilais-je du bout des lèvres.
Personne hormis Gabe n'avait la connaissance de ce passe temps personnel. Livrer à un humain des parcelles de ma vie ne m'enchantait pas, mais j'avais conscience que je ne réussirais à rien sans offrir un peu de moi même.
Vraiment ? Cela ne me surprend pas. Vous êtes une personne très étonnante Silver... 
Il vint accrocher son regard au mien et reprit.
— ... Celui qui t'as laissé en plan ce soir ne sait pas ce qu'il perd.
Je lui dégainais mon plus beau sourire, faussement embarrassée. Intimidé il me le rendit discrètement.
« Touché »
Mon petit mignon avait mordu à l'hameçon !
J’entendais son cœur suivre le rythme électrique de la musique. Je sentais le musc de la sueur commencer à perler sur sa peau. Je l'impressionnait. Je l'attirais tout en le faisant fuir. Il avait peur, mais adorait ce flot de nouvelles sensations que je lui procurais. Le désir et la curiosité l'emportaient sur son habituelle constance et loyauté envers Hélène. La salive m'en grimpât dans la gorge dangereusement. Je resserrais la prise de mes ongles plantés dans mon jean. Déglutissant, je me concentrais sur l'objectif de ma présence ici, au beau milieu d'un nid de jeunes chaires fraîches.

« Pauvre Paul, si seulement tu ne possédait pas la vulnérabilité de l'humain, on aurait pu bien s'entendre toi et moi...  ».




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